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rendait un service en ce moment même, fût si méchante ? Non. C’était un hasard si ce refrain se terminait par trois syllabes qui faisaient aussi le nom de celui pour qui elle s’était parée de la sorte. Pour lui et pour sa mère. Et, sans oublier sa vive contrariété, Laurence pensait maintenant à la bourgeoise inconnue dont elle allait subir la critique. « Comment va-t-elle me juger ? » se demandait-elle. « Et, si ce jugement ne m’est pas favorable, comment, lui, le supportera-t-il ? » Quoique très pure, elle avait cette innocence avertie qui est celle des jeunesses de la campagne. C’était la raison pour laquelle, tout à l’heure, le regard de la garde-barrière lui avait été si pénible. Elle se rendait compte que Pierre pouvait très bien vouloir l’épouser, non point parce qu’il l’aimait, mais parce qu’il la désirait, sans espoir d’arriver à elle autrement que par le mariage. Et alors que serait l’avenir ? Non, ce n’était pas pour la narguer en prononçant