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« Pourquoi ne porterais-je pas les œufs ? » répondit-elle vivement. « Donnez-les-moi, mère Giraud. »

Et déjà elle avait saisi l’anse du panier, au risque d’écorcher à l’osier trop rude la peau fragile de ses gants, et, pour se dérober à toute question plus précise, elle était repartie le long de la voie, en disant un adieu rapide à la garde-barrière qui, trop heureuse de sa commission faite, n’ajouta pas la parole redoutée par Laurence. Mais comment celle-ci n’aurait-elle pas deviné une allusion à ses projets de mariage dans le refrain de la chanson que la vieille femme se prit à fredonner :

… Mai sus la montagno Manja des castagno Vau mai que l’amour senso liberta[1].

Était il possible que cette Mme Giraud, qui l’avait connue si petite et à qui elle

  1. « Mais sur la montagne — Manger des châtaignes — Vaut mieux que l’amour sans la liberté. »