Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

vas-tu donc, Princesse ? Ce n’est pas jour de fête, cependant… »

Laurence s’était, en effet, attifée de son mieux. Elle portait la plus belle des robes qu’elle conservait du temps de lady Agnès et qui n’était plus tout à fait à la mode. Elle veillait si soigneusement sur ces reliques, qu’elle ne renouvellerait plus jamais ! La plume de son chapeau était toute défraîchie d’avoir séjourné indéfiniment dans l’armoire. Ses gants de Suède avaient aux doigts ce pli qui atteste un trop long abandon au fond de la commode. Ses fins souliers jaunes n’auraient pas eu ces cassures, si elle avait pu les mettre sur des embauchoirs. La garde-barrière n’était pas femme à remarquer ces menus indices d’une décadence dans une toilette qui lui apparaissait comme un luxe inatteignable. Un demi-reproche avait passé dans ses yeux et dans sa voix, auquel la jeune fille fut plus sensible que s’il eût été exprimé avec des mots.