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impossible. Cette perspective, que Pierre, lui aussi, allait peut-être lui demander d’être sa femme, attirait la jeune fille et l’épouvantait tout ensemble. Si elle cédait à la tentation de devenir une « belle madame », comme avait dit la brocanteuse avec tant de vulgarité, combien Pascal Couture souffrirait ! L’idée de cette douleur la rejetait tout entière vers ce compagnon de son enfance et de sa jeunesse. Le mirage de la fortune et du luxe s’effaçait, s’évanouissait. Elle songeait à la vente, amorcée déjà, de cette maison où Pascal avait tant rêvé de vivre avec elle. Montée dans le train, elle regardait maintenant filer devant ses yeux les marais du Ceinturon, avec leurs eaux mortes sous le hérissement de leurs ajoncs verts. Plus loin blanchissaient les tas de sel à qui leur forme de bosse fait donner dans le pays le nom de « camelles », du provençal Camelo, « Qu’a uno esquino de cameou » (qui a une échine de chameau), – Laurence avait entendu