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– « Ce n’est plus une plaisanterie, » fit la brocanteuse d’un accent très sérieux.

Puis, à mi-voix, après avoir regardé à droite et à gauche :

– « Il y a une vieille dame de Toulon, très riche, qui est venue ici ce matin même, soi-disant pour m’acheter ce plat d’argent. Il est toujours à l’étalage. Elle ne l’a pas pris. C’était un prétexte. Elle a su que je vous connaissais. Comment ? j’ai là-dessus ma petite idée. Ce qu’elle m’a demandé de renseignements sur vous ! Ah ! vous l’intéressez ! on peut le dire. Et comme cette dame a un fils à marier… »

En parlant, elle avançait du côté de Laurence son visage aigu, où se reconnaissait, malgré la jeunesse – elle avait à peine trente ans – le profond génie de réflexion attentive qu’une habitude atavique du commerce, et d’un commerce de personne à personne, développe chez les juifs de l’Islam. Elle avait beau se parer d’un prénom