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infligea comme une rétraction intérieure. Précisément parce qu’elle était touchée de cet amour sans être tout à fait conquise, sa résistance à l’émotion complète la rendait hostile, presque méchante, quand celui qu’elle n’aimait qu’à demi et qui l’aimait, lui, passionnément, devenait trop pressant. Pascal connaissait bien les glaces subites de ce beau visage. Il en souffrait jusqu’à l’agonie, et son instinct d’amoureux discernait pourtant que ces retraites étaient des défenses. Une lutte se livrait dans la sensibilité de la jeune fille. Pourquoi, si vraiment elle ne l’aimait pas du tout ? Et malgré lui, il essayait, maladroitement et passionnément, de briser ce masque de froideur, d’atteindre le point d’émotion qu’il devinait en elle. La jalousie se mêlait à cet effort pour le rendre plus gauche encore, plus inefficace. Pour lui, l’obstacle à son mariage, c’était Pierre Libertat, qu’il détestait moins cependant que lady Agnès.