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s’expliquait, dans des natures aussi primitives, par les différences de physionomie des deux frères. Victor était un adolescent robuste et souple avec des traits où se reconnaissait la finesse du type sarrasin le plus pur. Il ressemblait à sa mère. Il flattait la vanité des parents par sa joliesse. Le petit Virgile, lui, ressemblait à son père. Il était court, trapu, avec un visage obscur et brouillé. Une expression charmante d’intelligence, de gentillesse et de bonne volonté en corrigeait la laideur, quand il était en confiance. Sa cruelle marâtre et son injuste père ne lui avaient jamais vu cette expression-là.

– « Oui, » répondit Couture, « Victor a disparu. Virgile ne t’a rien dit ces temps derniers, qui puisse te donner une idée ? … Enfin, tu ne sais rien ? … »

– « Que veux-tu que je sache ? » répondit Laurence. « D’une chose je suis sûre. Ils ne se sont pas sauvés ensemble, je n’ai