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VII

PURPUREOS SPARGAM FLORES…


… Hélas ! Le vœu qu’exprimait le misérable jeune homme, l’auteur, par légèreté, par simulation, par émotivité aussi, de ce suicide, ce vœu d’un remords épouvanté, cette fois, trop justement ne devait pas être exaucé. « On ne badine pas avec l’amour », disait le plus amoureux des poètes, et Jules allait l’éprouver, comme le Perdican de la célèbre comédie, moins coupable que lui. Perdican, lui aussi, a commis le crime de se jouer d’un cœur de jeune fille, d’un cœur neuf à la vie et qui se brise à se savoir trompé. Du moins, ce demi-roué a son coin de passion vraie. Il aime Camille, au lieu que le fiancé inconstant de Hilda n’avait pas eu cette excuse de sa trahison : un sentiment sérieux pour une autre. Jolie et tendre Hilda, virginale chasseresse à l’âme profonde derrière vos beaux yeux clairs, faut-il vous plaindre de vous être en allée ainsi dans un sauvage paroxysme du mal délicieux et torturant d’amour ? Vous reposez aujourd’hui dans ce cimetière lointain de Neuilly, où votre père vous a laissée. Le pauvre Corbin, dans le délire de son chagrin, n’a pas su cacher à son oncle la vérité sur l’accident auquel vous avez survécu seulement quelques heures, le temps de demander pardon à ce père et aussi — car vous étiez pieuse — à Celui qui a dit : « Tu ne tueras pas. » Le Père miséricordieux de là-haut vous aura pardonné, et le brave