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l’objet. Aussi, le cœur de Louise battait-il très fort sous son corsage, tandis qu’elle entendait son père, qui connaissait un peu John Corbin, demander à ce dernier qu’il voulût bien le présenter à miss Campbell. La jeune Anglaise, de son côté, restait à ce point saisie de cette intervention de sa rivale, qu’à peine trouva-t-elle le souffle pour répondre à la question de d’Albiac :

— « Mais oui, monsieur, ce cheval est à vendre, comme ces deux-ci… » Elle montrait le cheval de son cousin et celui de Mme Tournade, encore sellé et tenu en main par Dick. « Nous les avons amenés pour les présenter à une dame qui les a trouvés trop chauds… »

— « Il y a un moyen bien simple de savoir si le cheval me conviendrait, papa, » dit Louise d’Albiac. Sa voix n’était guère moins émue que celle de l’autre, tandis qu’elle énonçait cette nouvelle phrase dont le résultat devait être, inévitablement, un tête-à-tête avec cette inconnue, d’un milieu si différent du sien. Un tête-à-tête ?… Et pour se dire quoi ?… « Oui, » insista-t-elle, « Nous n’avons qu’à demander à mademoiselle et à monsieur de suivre quelques instants la chasse avec nous… »

John Corbin eut, sur les lèvres, une exclamation qu’il n’osa pas proférer, tant le regard de Hilda se fit impérieux pour lui ordonner le silence. Elle-même avait repris son sang-froid. Elle répondit, sans aucun tremblement dans son accent :

— « Nous vous accompagnerons, mon cousin et moi, avec le plus grand plaisir, mademoiselle… Dick, mettez une selle d’homme sur ce cheval-ci. Vous le monterez, Jack, M. et Mlle d’Albiac pourront se rendre compte, ainsi, de ce que font les deux bêtes à la trompe et aux chiens… »

Quelques minutes plus tard, les quatre chevaux