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du regard dont les fidèles du Covenant jugeaient les débauchés des cavaliers. Quelle mission donnait Cromwell à ses gouverneurs militaires ? D’exécuter les rebelles, sans doute, mais, surtout, de faire observer le repos du dimanche, d’empêcher les combats de coqs et les courses de chevaux, de fermer les maisons de boisson, de jeux et de rendez-vous. Le Protecteur et ses partisans avaient cet état d’âme que caractérisent si bien ces lignes de l’écrit trouvé dans le chapeau de Felton, l’assassin du duc de Buckingham : « Que personne ne me loue pour l’avoir fait, mais que plutôt tous s’accusent eux-mêmes, comme ayant été la cause de ce que j’ai fait. Car, si Dieu ne nous avait pas rendus sans cœur pour la punition de nos péchés, cet homme n’aurait pas été si longtemps impuni… » Et qu’avait donc fait le favori du malheureux Charles Ier que d’être, comme a dit un de ses historiens, et qui n’est pas suspect, « beau, présomptueux, magnifique, léger avec hardiesse, également incapable de vertu et d’hypocrisie » ?… Mais, précisément, cette légèreté hardie, cet audacieux sourire de défi aux sévérités du scrupule, ont toujours froissé les consciences puritaines plus encore que le péché. Cela soit dit sans assimiler les impardonnables fautes d’un ministre d’État comme l’élégant, mais funeste Georges Villiers, avec les imprudences d’un Jules de Maligny, compromettant, sans trop s’en soucier, une « pauvre petite Hilda ». Soit dit aussi sans comparer davantage la sombre haine d’un meurtrier politique et l’aigreur d’un John Corbin. On l’a deviné : ces réflexions se rapportent à l’effet produit sur le cousin de miss Campbell par les assiduités du nitcheviste de la rue de Monsieur. — Osons créer ce mot, pour ne pas en employer un plus sévère, à l’égard d’un étourdi, qui se serait fait pardonner bien d’autres égarements par le charme de