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du second acte, — à quoi se réduisaient les épisodes de cette intimité ?… Quand Jules était arrivé, de la sorte, rue de Pomereu, vers les neuf heures de la matinée, régulièrement Hilda montait à cheval devant lui et elle partait toute seule. L’amoureux restait vingt ou vingt-cinq minutes, davantage quelquefois, à bavarder avec Bob Campbell, si un pareil terme convient à une conversation avec un Anglais, toute coupée de rires taciturnes et ponctuée de monosyllabes. Ils discutaient ensemble les chances de gain de telle écurie aux prochaines courses, — la manière de traiter les boiteries, — les indices que telle couleur de robe ou telle conformation de la tête donnent sur le caractère d’un animal, — le talent et les défauts de tel ou tel cavalier. Quiconque a fréquenté des gens d’écurie connaît leur infatigable patience à remémorer indéfiniment les histoires de leurs anciens chevaux ou des bêtes remarquables qu’ils ont rencontrées. Quand ils ont formulé une de ces formules sacramentelles : « Et ce qu’il était beau cheval !… » — « …Et quel cavalier, indécrochable !… » — « …Ah ! la bonne bête ! Et culottée !… » — « Les profils busqués, tous cabochards… » l’orgueil d’une initiation se répand sur leurs visages et ils se sourient, parmi ces fantômes évoqués, de l’air entendu de deux augures. Je disais que ces amours de Hilda et de Jules se déroulèrent, durant ces sept semaines, sans épisodes. J’oubliais le nombre d’anecdotes que dut subir l’amoureux, toutes relatives à des incidents de chasse ou de courses survenus outre-Manche. Il les écoutait en regardant — car ces scènes se passaient, d’habitude, dans le bureau de Bob et devant deux verres remplis de whiskey, — une de ces grandes horloges engainées qui s’appellent, là-bas, grand father’s clock, la pendule du grand-père. Enfin, un événement quelconque le libérait : l’apparition