Page:Bourget - Ernest Renan, 1883.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si différent de celui de mes vieux prêtres de Bretagne… Ce n’était pas la même religion…[1] » Non, mais d’une extrémité à l’autre de cette maison d’étude courait comme une flamme l’esprit de ce grand excitateur qui eut nom Mgr Dupanloup. Cet homme remarquable avait un idéal complexe et singulier de l’éducation où le culte passionné des belles-lettres se mélangeait à la foi profonde. Il y a quelque rapport entre ce prélat du xixe siècle, ivre d’enthousiasme pour Virgile, pour Homère, pour Tite-Live, pour la noble prose, pour les vers harmonieux, et ces cardinaux de la Renaissance qui traduisaient en périodes cicéroniennes leurs réflexions morales et leurs idées théologiques. M. Renan nous a tracé, avec une coquetterie charmante d’impartialité, un portrait vivant et presque sans ombres de ce directeur d’un petit séminaire à la mode. Ce dont l’abbé Dupanloup raffolait par-dessus toutes choses, c’était le talent. Il allait le cherchant, l’éveillant, l’activant, — infatigable. Un élève écrivait une lettre touchante à sa mère. Le directeur, qui ouvrait toute la correspondance remarquait la lettre, s’occu-

  1. M. Renan, Souvenirs.