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à moi-même, de la mère à ma petite amie, à la jolie Isabelle, avec qui j’avais tant couru sur le sable de ces mêmes allées, avant que la vanité paternelle incriminée par le vieil avocat libre penseur ne l’eût emprisonnée au couvent, et quand je me remettais à mon travail, l’angoisse de ce mystérieux danger, suspendu sur ces deux êtres, me saisissait quelquefois si fortement que j’avais envie de pleurer…

III

Quel fut le jour exact où mon esprit d’enfant observateur commença d’associer l’image de l’homme qui m’avait produit une si forte impression, lors de sa première visite, et celle de la mère mal mariée de mon amie absente ? Je ne saurais le dire. Il était trop naturel que M. de Norry, en sa qualité de fonctionnaire, fût en relations avec les notables de la ville, et sa présence plus ou moins fréquente dans la maison où habitaient deux de ces notables, mon grand-père, Maître Gaspard Larcher, et M. François Réal, ne m’aurait certainement pas frappé, si, de nouveau, ce brave grand-père, qui, décidément, ne se défiait pas assez de mon précoce éveil d’intelligence, n’eût prononcé devant moi une autre parole imprudente. Nous revenions de promenade, vers quatre heures de l’après-midi. Il