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petit garçon avec qui vous ferez une paire d’amis. Allez jouer dans le jardin… »

III

Quelle relation de parenté unissait le charmant enfant avec lequel je descendis aussitôt vers le grand jardin du docteur, et le professeur démissionnaire qui l’avait présenté comme son pupille ? Des détails me reviennent aujourd’hui, qui me portent à croire que ce soi-disant parrainage cachait une paternité réelle. Quoique Octave fût aussi élégant et souple que M. Montescot était gauche et maladroit, il y avait entre eux des ressemblances évidentes : la couleur des yeux, que l’un et l’autre avaient bleus, d’un bleu tout pâle, presque gris ; celle des cheveux, d’un blond tirant sur le roux ; la forme un peu aplatie du visage ; et la voix surtout, une similitude, presque une identité d’intonation. Seulement, si le petit Octave était, comme je le pense, le fils du philosophe, c’était un fils de l’amour, et, une fois de plus, la passion avait fait ce miracle d’une hérédité transfigurée. Toute la grâce de la mère avait dû passer dans l’enfant. Quelle mère ? Comment cet homme supérieur, mais si peu séduisant, avait-il rencontré une maîtresse, capable de lui donner un fils de cette beauté ? Qu’était-elle devenue et pourquoi ce Kantien ne l’avait-il pas épous