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cuite, enfin un pêle-mêle de bibelots, tous curieux, quelques-uns extrêmement rares, parmi lesquels a figuré un jour cet Hermès, — vous allez savoir dans quelles circonstances, et aussi pourquoi il n’y est pas resté.

II

C’est dans ce salon familier, et par une après-midi d’un magnifique dimanche du mois d’octobre, que je rencontrai pour la première fois l’être qui devait m’inspirer dans toute son injuste frénésie cette passion d’envie, plus monstrueuse encore, semble-t-il, chez un enfant. Elle s’explique, elle s’excuse presque, dans un malheureux qui vieillit et qui se venge des humiliations du sort en outrageant la félicité des autres. Mais un enfant ?… Hé bien ! Je crois, par ma propre expérience, qu’un enfant peut être envieux d’un autre enfant, comme un homme fait est envieux d’un homme fait, avec la même sauvage crispation de colère devant des supériorités qu’il n’a pas. Vous en jugerez… Ce radieux dimanche d’octobre où je commençai d’être possédé par ce mauvais sentiment, j’en ai encore dans les yeux le coloris automnal. J’en garde une vision, toute bleue et fauve, à cause de l’azur profond du ciel sur lequel se détachaient, en masses chaudement rousses, les feuillages, déjà fanés mais encore intacts, des marronniers de la promena