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qui lui avait fait découvrir la vérité ? Sa révolte de mère contre ce qu’elle croyait être la trahison de son enfant eut cette ingénuité dans la violence qui est la seule excuse de ces âmes de proie. L’excès de leur personnalité serait trop inhumain, s’il n’était pas, jusqu’à un certain point, naïf et irresponsable. Et puis la « belle Mme Le Prieux » éprouvait une affreuse humiliation à se voir prise en flagrant délit d’imposture par un homme qu’elle avait toujours connu hypnotisé d’idolâtrie devant elle. Il y avait un soulagement à cette pénible impression dans l’attitude de hauteur indignée qu’elle avait le droit de prendre vis-à-vis d’une autre, mais devant lui. Son instinct de féroce amour-propre s’empara aussitôt de cette revanche. A peine Hector avait-il cessé de parler qu’elle avait, elle, dégagé sa main, et s’écartant du lit de sa fille, elle disait : — « Et moi, je ne pardonnerai jamais à Reine de t’avoir révélé ce que je voulais te cacher… Hé bien ! oui », continua-t-elle, « c’est vrai. Je voulais te cacher certains embarras de notre situation. J’en avais bien le droit, mieux que le droit, le devoir… C’est vrai que j’avais vu, que je vois encore », et elle insista sur cette affirmation, « dans ce mariage avec Edgard Faucherot l’établissement le plus sage, le plus conforme à sa position et à la nôtre… Pourtant, si elle m’avait parlé comme elle t’a parlé », et la secrète jalousie qu’elle avait toujours eue de la préférence accordée par Reine à son père frémissait dans ces quelques mots, « je l’aurais laissée se décider d’après ce qu’elle croit être son