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Prieux avait trouvé le moyen de convaincre Reine, en la terrorisant. Il ne pouvait deviner des raisons qui tenaient à l’histoire profonde de cette famille de « non classés » (pour prendre le mot si heureusement créé par un des plus généreux historiens de la vie difficile à Paris). Il avait tourné et retourné cette énigme indéfiniment, durant ces premières heures de méditation passionnée, et il avait seulement démêlé, dans ce mystère, un autre mystère encore : pourquoi les parents de Reine n’avaient-ils pas eu du moins la charité de lui donner, à lui, Charles, une explication, à présent qu’ils savaient et ses sentiments et ses espérances par la lettre de sa mère ?… Il en était là de son impuissante analyse, lorsque le coup de sonnette du visiteur lui avait fait sauter le cœur dans la poitrine. Il avait ouvert, avec une folle espérance derechef, qu’un message lui arrivât de Reine. Et, de se trouver vis-à-vis d’Hector Le Prieux lui avait arraché ce « merci », inintelligible pour le nouveau venu. Mais ce qui était trop intelligible au père, après le discours de Mlle Perrin et ses propres réflexions, c’était la cause du trouble où il voyait Charles. Cette évidence de l’amour du jeune homme pour sa fille correspondait si bien à son secret désir, qu’il avait dans la voix toutes les indulgences, toutes les tendresses pour lui dire : —« Allons, Charles, remettez-vous. Reprenez courage. Vous n’avez pas à me remercier. Je remplis mon devoir de père, voilà tout. Mon Dieu !