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sa phrase, « c’est de ne pas être injuste pour votre cousin… » Les deux femmes étaient arrivées devant la porte de la maison qu’habitaient les Le Prieux, sans que Reine eût relevé ni l’une ni l’autre des supplications de son humble amie. Cette allusion à Charles lui avait arraché un petit geste, aussitôt arrêté. Quand elles furent toutes deux sur le palier de l’appartement, et avant de sonner, elle dit d’une voix où frémissait son trouble intime :

— « Pardonnez-moi de ne pas vous avoir répondu, Fanny… Pour la première des deux demandes, je ne peux rien vous promettre… Quant à la seconde, vous ne savez pas combien vous vous trompez sur moi et sur… » Elle eut le nom de Charles sur ses lèvres tremblantes, mais elle ne l’articula pas. « Non, » insista-t-elle, « ce n’est pas moi qui suis injuste. » Elle répéta : Ce n’est pas moi… » Puis, faisant signe à sa confidente de ne plus continuer cet entretien, et tandis que son doigt pressait le timbre : Merci de ce que vous avez fait pour moi… » Et elle l’embrassa, au moment où la porte s’ouvrit, en ajoutant tout bas, mais d’un ton qui traduisait une résolution très arrêtée : « Adieu… il faut me laisser… C’est là ce qui sera pour le mieux… » Un dernier regard pour y empreindre, avec un merci encore pour tant d’affection montrée, une suprême prière de l’abandonner à son destin, et déjà Reine avait disparu dans l’antichambre. La porte s’était refermée, et Fanny Perrin commençait