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ensemble : « Ecoutez, Charles, » continua-t-elle, « croyez-vous que je sois capable de mentir ?… » — « Vous ? » répondit-il, plus étonné encore, « je sais que je ne vous ai jamais entendu dire une parole qui ne fût la vérité même… » — « Ah ! merci ! » dit-elle, « répétez-le-moi. Cela me fait tant de bien. Répétez que vous croyez en moi, que vous y croirez toujours ?… » — « Je crois en vous, j’y croirai toujours, » redit docilement le jeune homme, qui ajouta, inquiété tout à fait par la visible exaltation de Reine : « Mais pourquoi ?… » — « Pourquoi ? » interrompit-elle, « mais parce que j’ai besoin de sentir que, vous aussi, vous avez foi en moi. Sans cela, je n’aurais pas la force de vous parler comme je dois… Oui, je le dois, » insista-t-elle, et, comme s’arrachant les phrases du fond du cœur : « Ecoutez, Charles, si je vous ai donné ce rendez-vous ce matin, au risque de vous faire me mal juger, c’est que je n’ai pas voulu que vous apprissiez, par une autre personne que par moi, une chose qui ne vous fera pas plus de chagrin qu’elle ne m’en fait à moi-même, je vous le jure… Mon cousin, laissez-moi finir, » fit-elle, sur un geste de Charles, « j’ai voulu vous la dire, cette chose, pour pouvoir vous dire cela aussi, et pour vous demander de savoir qu’en vous montrant que je partageais vos sentiments, cet autre soir, je ne vous ai pas trompé… Oui, Charles, porter votre nom, vous dévouer ma vie, être votre femme, vivre là-bas, avec vous, c’était, ce serait pour moi le