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avait-elle chez elle, causant avec ces deux représentantes de la plus pure aristocratie, Mme Jacques Molan, la femme du célèbre romancier, et Mme Maxime Fauriel, la femme du non moins célèbre pastelliste ? C’est qu’en vertu du second principe, elle n’avait jamais commis la faute de rompre avec un milieu qu’au fond d’elle-même elle qualifiait de bohémien. Elle s’était efforcée de rendre sa maison amusante, en faisant de cette maison un rendez-vous où les personnes d’une société plus restreinte rencontrassent, sur un terrain neutre, la fleur des artistes et des gens de lettres… Pourquoi, toujours par ce même « Mardi », la comtesse Abel Mosé et sa cousine la baronne Andermatt étaient-elles là, elles qui ont chacune à peu près autant de millions que le laborieux Hector écrit d’articles par an ? C’est que les deux belles Juives savent un gré particulier au journaliste d’avoir, dès le début de la campagne antisémitique, pris cette position de libéralisme modéré qu’il continue de tenir, et de l’avoir prise avec un désintéressement absolu. On devine sur les conseils de qui… Et voyez le flair de l’élève du vieux Crucé : Mesdames de Contay et de Bec-Crespin, c’est plus de dix relations dans la meilleure compagnie ; — comme Mme Molan et Mme Fauriel, c’est un pied gardé dans les deux endroits où défile le jeune Paris littéraire ; — comme la comtesse Mosé et la baronne Andermatt, c’est des invitations assurées dans tout le haut Israël. Quoi d’étonnant qu’une maison où fréquentent ces têtes de ligne ne