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définitive. Mais ce sera oui, elle me l’a dit elle-même… Ah ! mon ami, si tu savais comme je suis heureuse !… »


V LE JOUR DE MADAME LE PRIEUX

Tandis que cette mère, qui se croyait dévouée, annonçait en ces termes à son mari le résultat de son entrevue avec leur fille, que faisait celle-ci, cette autre victime, mais plus lucide, hélas ! des ambitions mondaines de la terrible femme ? Dès le premier moment, on l’a vu, la double révélation qu’elle venait de subir en plein rêve de bonheur, avait comme terrassé Reine : elle avait frémi de pitié en apprenant la triste situation financière à laquelle étaient acculés ses parents, — et de déception, une déception bien voisine du désespoir, quand sa mère lui avait dit que son père désirait ce mariage avec les millions du fils Faucherot. Elle avait frémi, et dans ce frémissement elle avait aussitôt plié. En disant, comme elle avait fait : « Je crois que ce sera oui… » elle avait seulement pensé et senti tout haut. Cette soudaineté dans le renoncement à ce qu’elle considérait comme son propre bonheur ne paraîtra singulière qu’à ceux qui ne se rappellent plus leu