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surtout… Nous sommes mardi. Voulez-vous me donner jusqu’au samedi pour répondre sur la démarche de M. Faucherot ? Je crois bien que ce sera : oui, » eut-elle la force de dire encore. « Mais » elle eut à son tour un accent de solennité : « je veux répondre ce oui, après être descendue jusqu’au fond de moi-même… » — « Hé bien ! Nous attendrons jusqu’à samedi, » reprit la mère. Elle eût certes préféré une acceptation immédiate qui lui eût permis de mettre Crucé en campagne aussitôt. Ce même demi-remords, qui venait de la pousser à interroger sa fille, l’empêcha encore de refuser à sa victime cet atermoiement de quelques jours. En répondant, comme elle fit, avec cette condescendance, ne se donnait-elle pas à elle-même l’illusion de respecter la libre volonté de son enfant ? C’est, du moins, ce qu’elle dit à Le Prieux quand, une fois Reine sortie de la chambre, il y entra, témoignant ainsi de la préoccupation dont il était possédé, et comme il avait, malgré son travail, épié la fin de cette entrevue : — « Hé bien ? » demanda-t-il anxieusement. — « Hé bien ! Elle a été très troublée, très touchée aussi, » repartit la mère ; « très troublée à l’idée de nous quitter. C’est trop naturel. Très touchée aussi du sentiment que révèle la démarche d’Edgard… » Elle appelait déjà le jeune Faucherot par son prénom, tant elle le considérait comme son gendre : « Je n’ai pas voulu la presser. Je lui ai accordé jusqu’à samedi pour nous donner une réponse