n’étaient qu’un préliminaire, mais de quoi ? Entre la vie modeste dans le petit mas provençal, si elle devenait Mme Huguenin, et le règlement des quarante mille francs de dettes, cette somme énorme à ses yeux. Reine ne pouvait pas établir de rapport. Son cœur battait de ce qu’elle appréhenda tout à coup, tandis qu’elle écoutait Mme Le Prieux commenter ce terrible « si ». — « Mon Dieu ! C’est bien simple. — Mais si, jolie et bien élevée comme tu l’es, il se rencontrait un brave garçon qui eût de la fortune, une grosse fortune, et qui, par conséquent, n’eût pas besoin de chercher une dot… Si tu étais mariée de la sorte, bien mariée, quel soulagement d’esprit ce serait pour ton père ! Et moi, j’aurais la récompense des sacrifices de toute ma vie. Qu’est-ce que j’ai voulu, je te le répète ? Une seule chose, c’est que ton père et toi vous eussiez une vraie position de monde. Tu l’aurais et pour toujours. Le reste deviendrait facile… Nous pourrions alors faire des économies, payer nos dettes, et, ton père se reposer… Mais oui. Quand une fille est unie à ses parents, comme tu nous l’es, il y a bien des petites combinaisons commodes. Nous aurions les mêmes relations. Que tu reçoives chaque semaine, par exemple, moi, je puis espacer mes soirées et mes dîners. Les politesses que tu ferais compteraient pour nous deux… Tu aurais une terre en province, en Touraine, je suppose, pas trop loin de Paris. Tout naturellement, nous y passerions deux mois par an. Ton père pourrait aller et venir, tenir la main à son
Page:Bourget - Drames de famille, Plon, 1900.djvu/175
Cette page n’a pas encore été corrigée