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ni Charles non plus, d’ailleurs… Tu penses bien que je ne serais pas resté sans te prévenir aussitôt… »

— « En effet, » dit Mme Le Prieux, en haussant à demi ses belles épaules, « c’était une inclination à ne pas encourager… Tu sais comme je suis bonne parente, » insista-t-elle, « et comme j’ai accueilli Charles Huguenin, quoique après tout il ne soit qu’un cousin au second degré, et que je n’eusse pas vu son père depuis des années… Mais Charles a peu de fortune. Il n’a pas de position. Ce n’en est pas une d’avoir fini son droit et de s’être fait inscrire au barreau de Paris. S’il se mariait maintenant, il lui faudrait, pour pouvoir soutenir sa femme, aller s’établir en Provence, avec son père, et faire du vin, de l’huile et des vers à soie… Et franchement, vois-tu Reine, dans un mas de là-bas, surveillant les ouvriers, et plus de théâtre, plus de visites, plus de bals ?… Je sais. Je sais. Elle dit toujours qu’elle n’a pas le goût du monde. Maman aussi disait cela, du vivant de mon pauvre père, et puis, quand nous avons été ruinés, c’était moi qui devais la réconforter… Mais il ne s’agit pas de cela. Heureusement Charles ne pense pas plus à Reine que Reine ne pense à Charles. J’en reviens aux Faucherot. Que faudra-t-il répondre à Crucé ? .., Je dois tout de suite te dire que la question de la dot est réglée. Je n’ai rien caché à cet excellent ami, et cette brave Mme Faucherot — qui a ses ridicules, j’en conviens, moins qu’autrefois, elle se forme, — a toujours eu beaucoup de cœur. Elle a très bien compris. On ne peut pas tout faire dans la