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Crucé était venu me parler de ce projet la semaine dernière. Je n’avais pas cru devoir t’en entretenir, avant que les choses ne fussent plus avancées, de peur de t’enlever cette liberté d’esprit qui t’est si nécessaire pour ton travail. Il est revenu aujourd’hui, et il m’a demandé, de la façon la plus positive cette fois, ce que nous penserions du mariage de Reine avec le jeune Faucherot… » — « Edgard Faucherot ? » s’écria Le Prieux : « Faucherot voudrait épouser Reine ?… » — « Et pourquoi pas ? » demanda Mathilde. « Qu’est-ce qui t’étonne tant, dans cette démarche ? Car les Faucherot font la première démarche, remarque-le bien. Crucé ne m’a pas caché que s’il n’était pas un ambassadeur officiel, il était à tout le moins un messager très officieux… » — « Ce qui m’étonne ?… » fit Hector. « Mais d’abord, Faucherot n’est pas libre. Tu as donc oublié que cet automne encore sa mère se plaignait à toi des folies qu’il faisait pour la petite Percy. Elle voulait que je m’emploie à la faire engager pour l’Amérique afin de la séparer de son fils, et comme Percy est toujours aux Variétés… » — « Cela prouve tout simplement qu’il s’est rendu libre. Il a rompu avec elle, » dit Mme Le Prieux, « et précisément parce qu’il aime Reine… Que cela ne t’inquiète pas, mon ami. J’ai pris mes renseignements, moi aussi. Mme Faucherot a exagéré les choses. Comme elle est veuve, et qu’elle n’a qu’un fils, c’était naturel qu’elle prît peur. Ce jeune homme a eu simplement la tête tournée par