joindre 5,000 francs environ de dépenses personnelles pour Hector. Malgré ses vieilles habitudes d’économie, il est bien obligé pourtant de prendre une voiture de son côté, lorsqu’il rentre du théâtre et que ces dames sont en soirée. Et puis, il y a sa tenue, à laquelle sa femme tient essentiellement. Il y a les mille et un menus frais de sa profession : depuis les pourboires aux ouvreuses, jusqu’aux louis qu’il doit souscrire quand un de ses journaux fait appel à la charité publique, avec listes, pour quelque infortune « bien parisienne ». Nous sommes à 43,000 francs. Si vous calculez maintenant que Mme Le Prieux donne deux grands dîners par mois, et que sa cuisine est remarquablement soignée ; qu’elle y joint trois ou quatre soirées de musique et de comédie par saison ; que ses cadeaux sont mentionnés entre les plus riches dans les comptes rendus d’une dizaine de mariages, et qu’il faut pourtant vivre le reste du temps, renouveler certains détails du mobilier, faire face à l’imprévu, aux indispositions, aux séjours aux eaux, que sais-je ? vous avouerez que 1,600 francs par mois suffisent tout juste, et nous sommes à plus de 60,000 francs, les 60,000 francs par an que gagne Hector et qui font dire de lui qu’il est « arrivé ». Chiffrons encore ce travail du mari, en insistant, pour l’honneur de la corporation des journalistes, tour à tour trop vantée et trop calomniée, sur l’intégrité de ce laborieux ouvrier de plume. Il ne sait pas ce que c’est qu’une « affaire », et n’a jamais touché d’argent que contre du travail livré.
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