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Mme Le Prieux en lui rappelant avec attendrissement qu’il l’avait connue « haute comme cela ». Et c’est sous les auspices de ce soi-disant ami de sa famille, qui lui aurait fait horreur, si le désir de briller n’avait étouffé en elle tout autre sentiment, que la jeune femme avait commencé ce métier de grande personnalité parisienne, dont il faut encore résumer le bilan avec des chiffres. Si arides que soient certaines additions, leur brutale éloquence emporte une force d’enseignement que diminuerait tout commentaire. Donc, en 1897, — j’ai déjà dit que c’est l’époque où éclata le drame de famille au vif duquel nous mettent ces détails préparatoires, — le passif annuel de la maison Le Prieux se distribuait ainsi : 8,000 francs de loyer, le petit hôtel trop étroit de la rue Viète ayant été remplacé par un grand appartement de la rue du Général-Foy, plus propice aux réceptions ; 12,000 francs de voiture, le fameux coupé au mois, — qui faisait au journaliste autant d’ennemis qu’il avait de confrères en fiacre, — avec deux attelées. Comment s’en passer pour faire des visites tout le jour et sortir tous les soirs ? Comptez 4,000 francs de gages ; le service ne comprenait pourtant que le strict nécessaire : un maître d’hôtel, une femme de chambre, une cuisinière, une fille de cuisine qui aidait au gros ouvrage, un groom pour l’antichambre ou les courses, et des extras pour les dîners et les soirées. Ajoutez-y 12,000 francs de toilette pour Mme Le Prieux et sa fille, 2,000 francs de fleurs, et nous voici à 38,000, auxquels il faut