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droit, inaugurées à Dijon, par économie, furent abandonnées, et l’élève de Mme Sand s’établit à Paris, pour y mener la vie de candidat à la gloire littéraire. Cet événement, — car l’exode du gars Le Prieux vers Paris fit sensation dans le canton de Chevagnes, où feu le docteur comptait autant de prétendus cousins, c’est-à-dire de clients presque gratuits, que cette Sologne bourbonnaise compte de hameaux, — cet événement, donc, avait eu lieu en 1865. L’issue en fut ce que vous pressentez : une fois de plus Icare brûla au feu de la réalité la cire de ses imprudentes ailes. En 1870, à l’époque de la guerre, pendant laquelle il fit bravement et simplement son devoir, Hector avait publié à ses frais deux volumes de vers : les Genêts des Brandes et les Rondes Bourbonnaises, plus un roman : le Rossigneu, — c’est le nom patois des bœufs de couleur rousse, — le tout composé dans ce parti pris de couleur rustique et provinciale, sorte de convention particulière aux écrivains venus à Paris pour y être de leur pays ! L’un dans l’autre, les trois ouvrages s’étaient bien vendus à cent cinquante exemplaires. Dans l’entre-deux, l’auteur avait appris à ses dépens ce que cachent de positivisme brutal, de vanité implacable, d’ignoble calcul, les déclamations pompeuses ou les paradoxes fantaisistes de la bohème artistique. Passant pour riche, — et riche en effet par comparaison, — dans les cénacles du quartier Latin, puis de Montmartre, où ses aspirations