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seul révélerait cette province. Dans le patois du centre de la France, on appelle, encore aujourd’hui, un prieux ou un semoneux, le paysan beau parleur, qui se charge d’aller, de hameau en hameau, porter les invitations pour les noces. Ce rôle de messager de campagne fut-il tenu par un des rustiques ancêtres d’Hector avec une verve particulière ? Les modestes archives de Chevagnes, le village natal du journaliste, n’en disent rien. Elles attestent, en revanche, que les Le Prieux sont connus à Chevagnes, depuis plusieurs générations, sous ce sobriquet, devenu patronymique. Ils doivent avoir résidé là depuis toujours, car, avec sa tête plus large que longue, sa face presque plate et que termine un menton rond, avec ses cheveux lisses et qui restent châtains dans leur grisonnement, ses yeux bruns, son cou puissant, ses épaules horizontales, son torse épais, sa taille courte, toute sa personne ramassée et trapue, leur descendant présente un type accompli de ce paysan celte, qui occupait cette partie de la France à l’époque où César y parut. C’est une race autochtone, et dont les traits moraux demeurent étonnamment les mêmes à travers l’histoire : une intelligence avisée sans forte imagination créatrice, une volonté patiente, mais sans initiative, ce que les savants d’aujourd’hui appellent l’esprit grégaire, le goût de ne pas agir seul et comme un besoin d’être dirigé. Certes, de telles caractéristiques sont d’une généralisation hasardeuse. Pourtant, les annales de l’Auvergne et du Bourbonnais semblent bien démontrer la justesse de celles-ci.