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des choses de la vie matérielle, qu’il y avait, dans cette combinaison familiale, une certitude d’économie. Mme veuve Duret insista, par-dessus tout, sur la nécessité d’épargner l’achat d’un mobilier nouveau. Jusqu’à son mariage, Hector avait habité une chambre garnie dans un hôtel de la rue des Martyrs, à proximité de ses deux bureaux de rédaction. — « Maman est si bonne ! Elle me cédera son salon pour mon jour…- » avait dit Mathilde, avec une reconnaissance qui attendrit l’amoureux jusqu’aux larmes, tandis qu’il aurait pu apercevoir, dans cette simple phrase, quelle conception de leur commun avenir avait déjà sa fiancée. Mais où le jeune homme, qui ne savait le prix vrai de rien, aurait-il appris l’entente, plus difficile encore, des caractères ? Orphelin lui-même de père et de mère, il n’avait personne pour lui dessiner à l’avance la courbe de son avenir conjugal, et lui indiquer quelles grandes conséquences auraient les petites fautes de tactique, commises au début de son mariage. Tout contribuait à faire de lui l’époux-esclave qu’il devait rester sa vie durant, sans même s’en apercevoir : cette solitude d’abord, puis son éducation, son tour d’esprit et de sensibilité, tout, jusqu’à sa race, jusqu’à ces premières données héréditaires du tempérament, d’autant plus fortes en nous que nous en prenons à peine conscience… J’ai dit que Le Prieux — maintenons-lui, une fois pour toutes, le demi-anoblissement de ce Le détaché — est originaire du Bourbonnais. Le nom