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la mince étoffe, de ce cœur de femme heureuse « Oui ! c’est bien moi, » répondit-elle avec plus de langueur que d’habitude. Il s’assit auprès d’elle et leurs bouches se cherchèrent. Ce fut un de ces baisers d’une suprême douceur, où deux amants qui se retrouvent après une absence s’efforcent de mettre, avec la tendresse de l’heure présente, toutes les tendresses inexprimées des heures perdues. Un léger coup frappé à la porte les sépara.

— « C’est pour tes bagages, » dit Thérèse en repoussant son ami d’un geste de regret. Et avec un fin sourire : « Veux-tu voir ta chambre ? Je suis ici depuis hier soir ; j’espère que tout te plaira. J’ai tant pensé à toi en faisant préparer le petit appartement… »

Elle l’entraîna par la main dans une pièce contiguë au salon, dont la fenêtre donnait sur le jardin de l’hôtel. Le feu était allumé dans la cheminée. Des fleurs égayaient les vases posés sur l’encoignure et aussi la table, sur laquelle Thérèse avait déployé, pour lui donner un air plus à eux, une étoffe japonaise apportée par elle. Elle y avait placé trois cadres avec les portraits d’elle que le jeune homme préférait. Il se retourna pour la remercier, et il rencontra un de ces regards qui font défaillir tout le cœur, par lesquels une femme