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aperçoit la porte d’un vaste bâtiment gothique et une plaque noire, dont la seule inscription en lettres dorées lui fait sauter le cœur. Il se trouve devant le Star Hotel. Le temps de demander au bureau si Mme Sylvie est arrivée, — c’est le nom que Thérèse a voulu prendre à cause des initiales gravées sur tous ses objets de toilette, et elle a dû être inscrite sur le livre comme artiste dramatique ; le temps encore de monter deux étages, de suivre un long corridor. Le domestique ouvre la porte d’un petit appartement, et, assise à une table, dans un salon, avec son visage, dont la pâleur est augmentée par l’émotion profonde, la taille prise dans un vêtement en étoffe de soie rouge dont les plis gracieux dessinent son buste sans s’y ajuster, c’est Thérèse. Le feu de charbon grésille dans la cheminée, dont les parois intérieures sont garnies de faïence coloriée. Une fenêtre en rotonde, du genre de celles que les Anglais appellent bow-windows, termine la pièce, à laquelle l’ameublement ordinaire de ces sortes de salles dans la Grande-Bretagne donne un aspect de paisible intimité. « C’est bien toi ?… » dit le jeune homme en s’approchant de Thérèse, qui lui sourit, et il mit la main sur la poitrine de son amie comme pour se convaincre de son existence. Cette douce pression lui fit sentir les battements affolés, sous