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portant sur les idées, tels que ce paradoxe lancé par Claude Larcher, alors dans tout l’éclat de ses premiers succès au théâtre, et qui d’ailleurs n’en croyait pas un mot : « Hé, ! le divorce ! le divorce ! » disait Claude, avec les gestes excessifs dont il ne devait jamais se déshabituer, « il a du bon ; mais c’est une solution beaucoup trop simple pour un problème très compliqué… Ici, comme ailleurs, le christianisme a faussé toutes nos idées… Le propre des sociétés avancées est de produire beaucoup d’hommes d’espèces très différentes, et le problème consiste à fabriquer un aussi grand nombre de morales qu’il y a de ces espèces… Je voudrais, moi, que la loi reconnût des mariages de cinq, de dix, de vingt catégories, suivant le degré de délicatesse des conjoints… Nous aurions ainsi des unions pour la vie, destinées aux personnes d’un scrupule aristocratique… Pour les personnes d’une conscience moins raffinée, nous établirions des contrats avec facilité pour un, pour deux, pour trois divorces. Pour des personnes encore inférieures, nous aurions les liaisons temporaires de cinq ans, de trois ans, d’un an. »

— « On se marierait comme on fait un bail, alors… « dit un mauvais plaisant.

— « Pourquoi pas ? » continua Claude ; « le siècle se vante d’être révolutionnaire, et il n’a