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les peines et les plaisirs passés qui fait de nous des êtres capables de froid calcul ou des esclaves de notre vie sentimentale. Hélas ! toutes les facultés d’Hubert conspiraient pour river autour de son cœur la chaîne meurtrissante des trop chers souvenirs. Thérèse portait, ce premier soir, une robe de dentelle noire avec des nœuds rosés, et nul autre bijou qu’une lourde tresse d’or massif à chacun de ses poignets. Elle était à demi décolletée, trop peu pour que le jeune homme, dont la pudeur était, sur ce point, d’une susceptibilité virginale, en fût choqué. Il y avait dans le salon, lorsqu’il y entra, quelques personnes, dont pas une, à l’exception de George Liauran, ne lui était connue. C’étaient, pour la plupart, des hommes célèbres, à des titres divers, dans la société plus particulièrement nommée parisienne par les journaux qui se piquent de suivre la mode. La première sensation d’Hubert avait été un léger froissement, par ce seul fait que quelques-uns de ces hommes offraient à l’observateur malveillant plusieurs des petites hérésies de toilette familières aux plus méticuleux s’ils sont allés trop tard dans le monde. C’est un habit d’une coupe ancienne, un col de chemise mal taillé, plus mal blanchi, une cravate d’un blanc qui tourne au bleu et nouée d’une