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— « Non, » répondit vivement Hubert avec un nouveau passage de pourpre sur ses joues ; « je n’ai pas de maîtresse. »

— « Si ce n’est ni la dame de pique ni celle de cœur, » fit le général, qui ne douta pas une minute de la véracité de son filleul, — il le savait incapable d’un mensonge, — « me feras-tu l’honneur de me dire où s’en sont allés les cinq cents francs par mois que ta mère te donne, une paye de colonel, et pour ton argent de poche ?… »

— « Ah ! mon parrain, » reprit le jeune homme, visiblement soulagé, vous ne connaissez pas les exigences de la vie du monde. Tenez ! Hier, j’ai rendu à dîner au Café Anglais à trois amis ; c’est tout près de huit louis. J’ai dû offrir plusieurs bouquets, pris des voitures pour aller à la campagne, envoyé quelques souvenirs. On est si vite au bout de ces cinq billets de banque !… Bref, je vous le répète, j’ai des dettes que je veux payer, j’ai à suffire aux frais de mon voyage, et je ne veux pas m’adresser à ma mère en ce moment, ni à ma grand’mère. Elles ne savent pas ce que c’est que l’existence d’un jeune homme à Paris. À un premier malentendu, je ne veux pas en ajouter un second. Étant donnés nos rapports d’aujourd’hui, elles verraient des fautes où il n’y a eu que des nécessités inévitables. Et puis, une scène avec