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Cette présence de sa maîtresse lui avait du coup rendu sa colère nerveuse. Ce qu’il sentait à ce moment, c’était l’affreux besoin de brutaliser la femme, l’être de ruse et de mensonge, qui s’empare de l’homme, être de force et de férocité, chaque fois que la jalousie physique réveille en lui le mâle primitif placé vis-à-vis de la femelle dans la vérité de la nature. À une certaine profondeur, toutes les différences des éducations et des caractères s’abolissent devant les nécessités inévitables des lois du sexe. Ce fut Thérèse qui rompit la première le silence. Elle comprenait trop bien la gravité de l’explication qui allait suivre, pour que ses plus intimes facultés de finesse féminine ne fussent pas mises en jeu. Elle aimait Hubert, à cette seconde, aussi passionnément qu’au jour où elle s’était confessée à lui de son inexplicable faute ; mais elle était maîtresse d’elle-même à présent, et elle pouvait mesurer la portée de ses paroles. D’ailleurs, elle n’avait pas de comédie à jouer. Il lui suffisait de se montrer telle qu’elle était, dans l’humilité infinie de la plus repentante des tendresses, et ce fut d’une voix presque basse qu’elle commença de parler, du coin d’ombre où elle se sentait assise.

— « Je vous demande pardon de me trouver ici, » dit-elle ; « je vais partir. En me permettant