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X

UNE DALILA TENDRE


Quand, au matin, Mme Liauran fit prendre des nouvelles de son fils, ce dernier répondit qu’il descendrait pour déjeuner. À midi, en effet, il parut. Sa mère et lui n’échangèrent qu’un regard, et aussitôt elle comprit l’étendue de la souffrance qu’il avait ressentie, rien qu’à la sorte de frisson dont il fut saisi en la revoyant. Elle était associée comme occasion, sinon comme cause, à cette souffrance, et il ne devait plus l’oublier. Ses yeux avaient un je ne sais quoi de si particulièrement distant, sa bouche un pli de lèvres si fermé, tout son visage exprimait si bien la volonté de n’admettre aucune explication d’aucune sorte, que ni Mme Liauran ni Mme Castel n’osèrent l’interroger. Ces trois êtres avaient eu, depuis une année, bien des repas silencieux dans la salle à manger revêtue d’anciennes boiseries, vaste salle qui faisait paraître petite la table ronde placée au milieu. Mais tous les trois n’avaient jamais