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billet, et à la question sur sa santé, afin de sortir d’incertitude tout de suite, elle répondit :

— « Non, je ne suis pas malade ; mais le ton de ta dépêche était si étrange qu’il m’a inquiétée. »

— « Ma dépêche ? » reprit Hubert en lui serrant les mains, qu’elle avait froides, pour les réchauffer. « Ah ! ce n’était pas la peine… Tiens ! maintenant je n’ose plus même t’avouer pourquoi je l’ai écrite. »

— «  Avoue tout de même, » fit-elle avec une insistance déjà angoissée, car l’embarras d’Hubert venait de lui rendre l’inquiétude dont elle avait tant souffert.

— « On est si étrange ! » reprit le jeune homme en secouant la tête. «  On a des heures où l’on doute malgré soi de ce que l’on sait le mieux… Mais il faut d’abord que tu me pardonnes d’avance. »

— « Te pardonner, » dit-elle, « mon ange ! Ah ! Je t’aime trop !… Te pardonner ? » répéta-t-elle ; et ces syllabes, qu’elle entendait sa propre voix prononcer, retentissaient dans sa conscience d’une façon presque intolérable. Qu’elle aurait voulu, en effet, avoir à pardonner et non pas à être pardonnée ! « Mais quoi ?… » interrogea-t-elle d’une voix plus basse et qui révélait le recommencement de son trouble intérieur.