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homme, trahissait une profonde angoisse. D’où cette angoisse serait-elle venue, sinon d’un événement relatif à leur amour ? Et de quel événement, sinon d’une révélation sur l’horrible tromperie, sur l’acte infâme commis par elle, oui, par elle-même ? Dieu ! s’il était quelque part une eau sacrée où se laver le sang, où noyer le souvenir de toutes les fièvres mauvaises ! Mais non ! il continue de courir dans nos veines, ce sang chargé de nos péchés les plus honteux. Il n’y a pas eu d’interruption entre le battement de notre pouls à l’heure du remords et son battement à l’heure de la faute. Et Thérèse sentait de nouveau s’appuyer sur son visage les baisers de l’homme avec lequel elle avait trahi Hubert ; elle les avait rendus, cependant, ces affreux baisers.

— « S’il m’interroge, comment trouver la force de lui mentir, et à quoi bon ?… » Cette phrase à laquelle aboutissaient depuis la veille toutes ses méditations, elle se la disait encore à la minute où elle se trouvait devant la porte derrière laquelle allait, sans doute, se jouer une des scènes les plus tragiques pour elle du drame de sa vie. Elle eut du mal à glisser la petite clef d’or dans la serrure, tant ses doigts tremblaient, — cette clef donnée pour être maniée avec d’autres sentiments ! Elle savait, à n’en pas douter, qu’au seul bruit du