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IX

DERNIÈRE NOBLESSE


Dans le fiacre qui l’emportait vers l’avenue Friedland, au lendemain de cette nuit d’agonie, Thérèse de Sauve ne prit aucune des précautions qui lui étaient habituelles, comme de changer de voiture en route, de nouer sur son visage une double voilette, d’épier au détour des rues, par la petite vitre de derrière, si rien de suspect n’accompagnait sa promenade clandestine. Toute cette craintive cachotterie de l’amour défendu lui plaisait autrefois délicieusement, à cause d’Hubert. Assurer le mystère de leur intrigue, n’était-ce pas en assurer la durée ? Il s’agissait bien de cela, maintenant ! Elle tenait dans sa main non gantée une petite clef d’or pendue à la chaînette d’un bracelet, — joli bijou de tendresse que son amant avait fait forger pour elle. Cette clef, qui ne quittait jamais son poignet, servait à ouvrir la porte du rez-de-chaussée prêté par Emmanuel Deroy, asile adoré des quelques journées où elle avait