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d’Hubert, se sentant rouler dans un gouffre d’infamie et s’y précipitant plus avant encore, jusqu’au jour où elle s’était réveillée de cette fureur sensuelle ainsi que d’un songe. — Elle avait ouvert les yeux, elle avait jugé sa honte, et, comme une blessée, comme une agonisante, elle avait fui cet endroit maudit, ce complice exécré, pour revenir — à quoi ? et à qui ?

Mélancolique et navrant retour vers ce qui avait été la réparation de sa vie entière et qu’elle avait flétri à jamais ! Elle était rentrée dans l’appartement des heures douces, et elle avait retrouvé Hubert, son Hubert, — mais pouvait-elle encore l’appeler ainsi ? — plus tendre, plus aimant, plus aimé encore. Hélas ! son inexpiable tromperie l’avait-elle rendue pour toujours impuissante à goûter un bonheur dont elle n’était plus digne ? Entre les bras du jeune homme et sur son cœur, elle s’était souvenue de l’autre, et l’extase d’autrefois, la délicieuse et ineffable défaillance dans le trop sentir, l’avait fuie. C’est alors qu’Hubert l’avait vue sangloter désespérément, et une immense tristesse l’avait envahie, une torpeur de mort, traversée de l’inquiétude atroce qu’une indiscrétion quelconque n’arrivât jusqu’à son ami et n’éveillât ses soupçons. De sa réputation, à elle, elle ne se souciait guère ; elle savait bien