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dispositions qui sont les plus funestes à une femme au milieu de la société moderne, à moins que cette femme ne se marie dans des conditions rares, ou bien que la maternité ne la sauve d’elle-même en brisant les énergies de sa vitalité physique et en accaparant les ardeurs de sa vitalité morale. Elle avait le cœur romanesque, et son tempérament faisait d’elle une créature passionnée, c’est-à-dire qu’elle nourrissait à la fois des rêveries de sentiments et d’invincibles appétits de sensations. Lorsque les personnes de ce genre rencontrent, au début de leur existence, un homme qui satisfait les doubles besoins de leur être, c’est entre elles et cet homme de ces fêtes mystérieuses de l’amour comme les poètes en conçoivent sans jamais les étreindre. Lorsque leur destinée veut qu’elles soient livrées, ainsi que l’avait été Thérèse à son mari, à un homme qui les traite dès l’abord en courtisanes et les initie, en fait et en pensée, à la science du plaisir, sans avoir assez de finesse pour contenter l’autre moitié de leur âme, ces femmes-là deviennent nécessairement des curieuses, capables de tomber dans les pires expériences, — et alors leur stérilité même est un bonheur ; car, du moins, elles ne transmettent par cette flamme de vie sentimentale et sensuelle qu’elles ont d’ordinaire