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VIII

LA CHUTE


Au moment où Thérèse de Sauve reçut la dépêche d’Hubert, elle se préparait à s’habiller pour sortir et dîner en ville. Elle décommanda aussitôt sa voiture, et elle écrivit un mot en hâte pour mettre son absence sur le compte d’une indisposition subite. Elle venait, à la lecture des simples phrases de ce billet bleu, d’être prise d’une sueur glacée et d’un tremblement. Elle consigna sa porte et s’accroupit sur une chaise basse, la tête dans ses mains, devant le feu de la cheminée de sa chambre à coucher. Depuis son retour de Trouville, elle vivait dans une continuelle angoisse, et ce qu’elle redoutait à l’égal de la mort était arrivé. Pour que son ami tant aimé, qu’elle avait quitté à deux heures si parfaitement tranquille et joyeux, fût tombé dans l’état d’esprit qu’elle pressentait derrière le plaintif enfantillage de son billet, il fallait qu’une catastrophe fût survenue. Quelle