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comme effrayé de ce qu’il allait dire : « que vous vous trompez, ma mère. Je vous demande pardon de vous parler sur ce ton, » ajouta-t-il en lui prenant la main, qu’il baisa ; « je ne suis pas maître de moi… »

— « Écoute, mon enfant, » dit Marie-Alice, dans les yeux de laquelle la douceur inattendue de ce geste fit courir des larmes, « je ne peux pas entrer avec toi dans tout ce triste détail ; » elle lui touchait les cheveux en ce moment comme aux jours où il était petit : « Va trouver ton cousin George. Il te répétera ce qu’il nous a raconté. Car c’est lui qui, dans sa sollicitude, a cru devoir nous prévenir. Mais retiens ce que ta mère te dit maintenant. Je crois à la double vue du cœur. Je n’aurais pas haï cette femme comme j’ai fait dès les premiers jours, si elle ne devait pas t’être fatale. Allons ! adieu, mon enfant. Embrasse-moi, » dit-elle avec un accent brisé. — Comprenait-elle que depuis cette heure les baisers de son fils ne seraient plus jamais pour elle ce qu’ils avaient été ?

Hubert s’élança de l’appartement, sauta dans un fiacre et donna au cocher l’adresse du Cercle Impérial, où il espérait trouver George. Mais tandis que cet homme, stimulé par la promesse d’un fort pourboire, fouettait sa bête à coups redoublés, le malheureux enfant commençait à réfléchir sur le