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montrait son sein. Ah ! ce n’était pas la voix seule d’Hubert, cette voix brève et dure, qui la torturait, c’était par-dessus tout, et une fois de plus, l’évidence du sentiment qui l’attachait à Mme de Sauve. « Entre elle et moi, » songeait-elle, « il la choisirait. » Sa douleur eut aussitôt pour résultat de raviver sa haine contre la cause de cette douleur, qui était cette femme. Elle trouva dans ce mouvement d’aversion la force de continuer l’entretien : « Tu as perdu le sentiment de notre intérieur, mon enfant, » fit-elle d’un ton plus calme ; « tu ne comprends plus quelle tendresse nous attache à toi et quels devoirs elle nous impose. »

— « Étranges devoirs, s’ils consistent à vous faire l’écho de bruits avilissants pour quelqu’un dont le seul tort est de m’avoir inspiré une amitié profonde. »

— « Non, » dit Mme Liauran, qui s’exaltait à son tour ; « il ne s’agit pas de reprendre une discussion qui déjà t’a mis en face de moi comme pour un duel sacrilège, » et en ce moment le regard du fils et celui de la mère se croisaient comme deux lames d’épées. « Il s’agit de ceci : que tu aimes une créature indigne de toi, et que moi, ta mère, je te l’ai fait dire et je te le redis. »

— « Et moi, votre fils, je vous réponds.. » et il eut le mot de mensonge sur la bouche ; puis,