Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’une subite colère, « je ne sais pas pourquoi vous voulez que je cesse de vous respecter. C’est une infamie que de dire d’une femme ce que vous venez de dire de celle-là. »

— « S’il ne s’agissait de toi, » répondit le comte en se levant, — et le sérieux triste de son visage contrastait étrangement avec les traits égarés de son filleul, — « tu le sais bien, je ne te parlerais ni de Mme de Sauve ni d’une autre femme. Mais je t’aime comme j’aimerais mon fils, et je te dis ce que je dirais à mon fils : tu as mal placé ton amour ; cette femme a un autre amant. »

— « Qui ? Quand ? Où ? Quelles sont vos preuves ? » répondit Hubert, exaspéré au delà de toutes limites par l’insistance et le sang-froid du général. « Mais dites ! dites !… »

— « Quand ? cet été… Qui ? un monsieur de La Croix-Firmin… Où ? à Trouville… Mais c’est le bruit de tous les salons, » continua Scilly, et il raconta, sans nommer George ni personne, les détails si indiscutables que ce dernier avait confiés à Mme Liauran, depuis le récit de Philippe de Vardes, le témoin oculaire, jusqu’aux indiscrétions de La Croix-Firmin. Le jeune homme écoutait sans interrompre ; mais, pour quelqu’un qui le connaissait, l’expression de son visage était