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imprimé en nous par notre métier qui se manifeste d’ordinaire et gouverne notre action. Scilly était un soldat, courageux et précis. Il devait aller et il alla droit au fait.

— « Mon enfant, » dit-il avec une certaine solennité, « tu dois savoir d’abord que je connais ta vie. Tu es l’amant d’une femme mariée, qui s’appelle Mme de Sauve. Ne nie pas. L’honneur te défend de me dire la vérité. Mais l’essentiel est de mettre tout de suite les points sur les i. »

— « Pourquoi me parlez-vous de cela, « répondit le jeune homme en se levant et prenant son chapeau, « puisque vous avouez que l’honneur me commande de ne pas même vous écouter ? Tenez ! mon parrain, si vous m’avez fait venir pour entamer ce sujet, brisons là. J’aime mieux vous dire adieu avant de m’être brouillé avec vous. »

— « Aussi n’est-ce pas pour te questionner ni te sermonner que je t’ai demandé cet entretien, « répliqua le comte en prenant dans sa main la main crispée que lui avait tendue sèchement Hubert. « C’est pour te dire un fait très grave et dont il faut, oui ! il faut que tu sois informé. Mme de Sauve a un autre amant, Hubert, et qui n’est pas toi. »

— « Mon parrain, » fit le jeune homme en dégageant ses doigts de ceux du vieillard et pâlissant