Page:Bourget - Cruelle Énigme, Plon-Nourrit.djvu/122

Cette page n’a pas encore été corrigée

un peu inquiété par la colère avec laquelle ces derniers mots avaient été prononcés. « Songez que nous n’avons pas à donner au pauvre Hubert de preuves palpables et indéniables qui déconcertent toute discussion. »

— « Mais quelle preuve vous faut-il donc de plus, » interrompit-elle, « que l’affirmation de quelqu’un qui a vu ? »

— « Bah ! » dit George, « pour ceux qui aiment !… »

— « Vous ne connaissez pas mon fils, » reprit la mère fièrement. « Il n’a pas de ces complaisances-là. Je ne veux de vous, avant d’agir, qu’une promesse : vous lui raconterez ce que vous nous avez dit, comme vous nous l’avez dit, s’il vous le demande. »

— « Certes ! » fit George après un silence ; « je lui dirai ce que je sais, et il conclura comme il voudra. »

— « Et s’il allait chercher querelle à ce M. de La Croix-Firmin ? » interrogea Mme Castel.

— « Il ne le peut pas, » repartit la mère, que sa surexcitation d’espérance rendait à cette minute perspicace, comme George lui-même eût pu l’être, des lois du monde ; « notre Hubert est trop galant homme pour vouloir que le nom d’une femme soit prononcé à son sujet, fût-ce le nom de celle-là… »