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nouveaux faisaient déjà oublier ce scandale d’été, destiné à devenir douteux comme tant d’autres. George Liauran y aperçut un sûr moyen de rompre enfin la liaison d’Hubert et de Thérèse. Il suffisait pour cela de prévenir Marie-Alice. Il eut bien une minute d’hésitation, car, enfin, il se mêlait d’une histoire qui ne le regardait en rien ; mais le fonds inavoué de haine qu’il cachait en lui à l’égard des deux amants l’emporta sur ce scrupule de délicatesse, et aussi le réel désir de délivrer d’un chagrin mortel une femme qu’il chérissait. Le soir même du jour où il avait causé avec Gladys, qui lui avait rapporté, sans y attacher d’autre importance, les confidences de Ludovic à son amant, il était à l’hôtel de la rue Vaneau, et il racontait à Mme Liauran, couchée auprès de la bergère de Mme Castel, l’inattendue nouvelle qui devait changer du coup la face de la lutte entre la mère et la maîtresse.

— « Ah ! la malheureuse ! » s’écria cette femme à demi mourante de ses longues angoisses : « elle n’était même pas capable de l’aimer… » — Elle dit cette phrase avec un accent profond, où se résumaient les idées qu’elle s’était faites depuis tant de jours sur la maîtresse de son fils. Elle avait tant pensé à ce que pouvait être cette passion d’une créature coupable, pour qu’elle agit