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Telles étaient les dispositions du cousin de Mme Liauran à l’endroit du sentiment d’Hubert et de Thérèse, lorsqu’il lui arriva, au mois d’octobre de cette même année, de se trouver dans un cabinet particulier du Café Anglais, en train de dîner avec cinq autres personnes. Le repas avait été délicat et bien entendu, les vins exquis, et l’on bavardait, entre hommes, le café servi, les cigares allumés ; et voici le bout de dialogue que George surprit entre son voisin de gauche et un des convives, — cela au moment où lui-même venait de causer avec son voisin de droite, de sorte que toute la portée de la phrase lui échappa d’abord :

— « Nous les voyions, » disait le conteur, « de la chambre d’en haut du chalet de Miraut, celle qui lui sert d’atelier, en regardant avec la longue-vue, aussi bien qu’à trois mètres. Elle entra comme on nous avait dit qu’elle avait fait là veille. À peiné entrée, il lui campa sur la bouche un baiser, mais, là, un de ces baisers !… » Et il fit claquer ses lèvres en humant une dernière goutte de liqueur restée au fond de son verre.

— « Qui, il ? » demanda George Liauran.

— « La Croix-Firmin. »

— « Et qui, elle ? »

— « Mme de Sauve. »